Association pour les REcherches Sous MArines en Roussillon
18 septembre 2021
Nous apprenons avec émotion le décès de notre ami et Président d’honneur Cyr Decamps, à l’issue d’une longue période de maladie. Président fondateur de l’Aresmar, il était une figure tutélaire de l’archéologie sous-marine sur la côte Vermeille.
Né à Nice en 1941, Cyr Descamps a fait des études de Sciences Naturelles puis de Préhistoire à Paris avant de découvrir le Sénégal à l’occasion de son service militaire, effectué au titre de la coopération. Il y a passé la moitié de sa vie active (1964-1982). Titularisé assistant en 1966 au département de Préhistoire et Protohistoire de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) de l’Université de Dakar, il y prépare la première thèse concernant la préhistoire de ce pays (Contribution à la Préhistoire de l’Ouest sénégalais), soutenue en 1972 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
À la demande du Président Léopold Sédar-Senghor, Il y a alors créé un enseignement de Préhistoire à l’Université de Dakar. Devenu maître-assistant à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Dakar, il est ensuite chargé du Département de Préhistoire - Protohistoire de l’IFAN, secrétaire général de l’Association sénégalaise pour l’Étude du Quaternaire Africain et membre fondateur puis secrétaire de l’Association Ouest-Africaine d’Archéologie dont le siège est à Ibadan au Nigeria.
Ayant formé des homologues sénégalais, il est rentré en France en 1982, mais ses contacts avec l’Afrique n’ont pas cessé. Il y est retourné chaque année pour des missions d’enseignement, de recherches ou des congrès. Notamment, il a poursuivi jusqu’en 2019 le travail entrepris en compagnie de l’anthropologue belge Guy Thilmans, de création, puis de développement et d’accompagnement du Musée Historique du Sénégal implanté dans le fort d’Estrées sur l’île de Gorée.
Affecté à l’Université de Perpignan en 1982, il a été chargé de l’enseignement de la Préhistoire mais aussi des techniques de fouilles. À ce titre il a été amené à participer à plusieurs campagnes de fouilles sous-marines, d’abord en Méditerranée sur l’Archéonaute, puis en Bretagne, au Portugal ou dans l’océan Indien… Sans renier sa formation de préhistorien et son engagement africain, il a progressivement opéré une reconversion vers l’archéologie sous-marine et l’Antiquité. À partir de 1988, a été titulaire d’autorisations de fouilles sur l’épave romaine de Port-Vendres 5. Cette même année, avec ses collaborateurs, il a créé l’Aresmar dont les opérations sont relatées dans ces pages. Il a assuré la Présidence de l’association et la direction opérations de terrain jusqu’au début des années 2000. Il a ensuite assuré la direction de nombreuses opérations archéologiques, notamment sur le site sous-marin de Redoute Béar à Port-Vendres, ou encore au fort de Bellegarde.
Ayant atteint la soixantaine, il a souhaité prendre sa retraite en septembre 2002, afin de se consacrer entièrement à des travaux de recherches. Trois mois plus tard, il a été sollicité pour élaborer un projet de recherches sous-marines à Tyr, dans le cadre du partenariat existant entre cette ville et Perpignan. Cette perspective l’a enthousiasmé car les recherches débutaient à peine sur ce port phénicien et sur son environnement sous-marin, d’une exceptionnelle richesse. Cinq campagnes menées par l’Aresmar de 2003 à 2007 ont confirmé ces prévisions. Les fouilles, interrompues pendant dix ans, ont repris en 2018, Cyr Descamps transmettant alors la direction des opérations à une équipe renouvelée sous la direction de Jean Sicre. Entre-temps, des opérations ont bien sûr été poursuivies sur le littoral roussillonnais, et il n’a cessé de les suivre avec attention.
L’Aresmar fait part de ses sincères et amicales condoléances à son épouse Françoise, qui l’a secondé dans ses travaux de recherches et de publication, ainsi qu’à ses enfants et nombreux petits enfants.
Lire l'hommage à Cyr Descamp publié dans Archéo 66