Association pour les REcherches Sous MArines en Roussillon
L'épave de Cap Béar git par 40 m de fond au large du cap du même nom. Elle a été fouillée par Dali Colls entre 1982 et 1987.
Il s'agit d'un navire du 1er siècle avant notre ère, petit caboteur assurant sans-doute du transport de proximité entre Empuries et Narbonne.
La cargaison était composée d’amphores vinaires italiques de type Dressel 1B (148 individus), d’amphores de Bétique à salaisons de poisson de type Dressel 12 (15 individus), d’amphores vinaires de Tarraconaise de type Pascual 1 (50 individus) portant les timbres BL, LICIV [E]MPR. Elles étaient aussi accompagnées de 6 amphore léétaniennes et de quelques contrefaçons léétaniennes d'amphores Dressel 1B.
La présence simultanée des trois types d'amphores situe l'épave dans le troisième quart du 1er siècle avant J.-C.
L'intérêt principal de cette épave réside dans l'utilisation d'une technique particulière d'assemblage des membrures sur les virures. Sur chaque membrure, on retrouve une alternance de ligatures et de simples gournables. Chaque ligature est constituée d'une tresse végétale bloquée par deux gournables qui assurent l'étanchéité des évidements de passage de la ligature. Entre chaque ligature, on trouve une simple gournable jouant le rôle de cheville. Cette technique, maintenant connue sur un corpus d'une douzaine d'épaves, a été mise en évidence et décrite pour la première fois sur ce gisement.
Il s'agit d'un fond de carène à simple bordé de 4 cm d'épaisseur, sans doublage de plomb, et une membrure constituée par une alternance régulière de varangues et de demi couples. La coque du navire est partiellement conservée sur 8,80 m de longueur et 8,70 m de largeur. Sur les membrures, des vaigres mobiles alternées avec des serres de renfort longitudinal de plus forte section (largeur : 21 cm ; épaisseur : 3,5 ? 4 cm) constituent le revêtement intérieur du navire. Une forte pièce conservée sur 3,24 m de longueur vient s'encastrer sur les varangues. Malgré l'absence de cavité destinée à recevoir un pied de mât, cette pièce doit être interprétée comme un massif d'emplanture.
L'épave Cap Béar 3 apporte un témoignage nouveau et important sur la chronologie des amphores léétaniennes (fin de la République), la contemporanéité des variantes Pascual 1 et Léétanienne 1 et la vitalité du commerce du vin dans le bassin occidental de la Méditerranée. La tradition des bateaux ligaturés (ou bateaux cousus), remontant à la plus haute antiquité, se rencontre localement à l'époque romaine et jusqu'au Moyen-âge, mais c'est la première fois qu'un exemple est découvert dans la partie la plus occidentale de la Méditerranée.
Détail de l'assemblage d'une membrure par couture.